C’est quoi ?
L’Enseignement Assisté par Ordinateur (EA0) a vu ses début à partir des années 1970.
Les travaux sur l’enseignement programmé, l’arrivée du micro-ordinateur et les plans gouvernementaux d’équipement informatique des établissements scolaires en France, ont conduit à d’ambitieux projets de développement de l’EAO notamment via des applications interactiveles cédéroms intéractifs.
Enjeux et usages à l’origine
L’enseignement assisté par ordinateur (EAO) est une spécialité informatique qui regroupe les logiciels permettant l’aide à l’apprentissage dans des domaines divers. Les EAO font partie de la famille des didacticiels utilisés en autoformation.
Usages pédagogiques
L’origine de l’EAO est « l’apprentissage programmé » (de type QCM par exemple) des années 60, basé sur une conception comportementaliste et behavioriste de l’apprentissage fondée, d’une part, sur le découpage du savoir en une somme d’unités élémentaires et, d’autre part, sur le rapport du couple stimulus-réponse (Skinner).
Pour autant, les activités pédagogiques impliquant un EAO s’appuient, entre autres, sur les travaux et la théorie constructiviste de Jean Piaget en matière d’apprentissage, ainsi que sur l’usage d’un ordinateur pour l’acquisition de connaissances, de notions, de concepts…
La participation active de l’apprenant est sollicitée. C’est lui qui décide du rythme de la progression dans le module et interagit avec le contenu du didacticiel lors d’exercices. Ses choix font l’objet de feedbacks formatifs indiquant non seulement ses résultats mais aussi un rappel du cours. La progression dans le didacticiel se déroule de manière directive, selon un principe linéaire ou ramifiée par lequel l’apprenant se voit proposer diverses activités en fonction de ses réponses, ce qui répond aux besoins d’individualisation.
Des expériences plus actives ont pourtant vu le jour, issus des mouvements cognitivistes et des travaux de Jean Piaget dès la fin des années 60, telle que celle conçue par Seymour Papert avec la création du langage « Logo », langage d’initiation à la programmation informatique adoptant une démarche ludique et plus motivante. L’apprenant est acteur de son apprentissage par interaction avec l’environnement proposé, afin de le modifier : il observe et réajuste le résultat de sa programmation selon le principe d’apprentissage par la découverte (« c’est en créant que l’on apprend »). Les structures de la pensée se développent par le soutien de l’apprentissage expérimental, par l’apprentissage par essai-erreur, l’échec participant tout autant que la réussite au développement des savoirs.
Les EAO ont souvent été utilisés dans des salles informatiques pour une autoformation accompagnée, la présence d’un formateur expert du contenu et/ou tuteur méthodologique étant requise pour répondre à toute sollicitation individuelle ou collective, dans le but de faciliter l’acquisition des connaissances. Ce fut le modèle des Ateliers Pédagogiques Personnalisés (APP).
Mises en garde
La médiation par un formateur est essentielle, notamment pour mettre en œuvre des pédagogies différenciées en termes d’accompagnement. D’autant que la programmation conçue dans un EAO rend rigide à la fois les contenus d’apprentissage comme la démarche pédagogique proposée.
Frein à l’usage
L’EAO ne peut se suffire à lui-même. Il reste une méthode efficace si l’on vise des objectifs d’apprentissage correspondant à des niveaux inférieurs de la taxonomie de Bloom. L’efficience de son usage est plus marquée s’il est combiné à d’autres activités pédagogiques proposées aux apprenants.
Et demain ?
Avec l’arrivée d’Internet, les EAO ont été remplacés par le e-learning dans les entreprises à la fin des années 90 et début des années 2000. La logique d’apprentissage distribué et la facilité d’accès via le web ont renforcé les pratiques de diffusion de masse pour un usage individuel, seul, face à son ordinateur. L’autoformation en situation professionnelle n’ayant généralement pas fait ses preuves d’efficience, le retour à un usage en salle informatique avec la médiation d’un formateur a souvent été une des options retenues.
Force est de constater qu’en 2015, le spectre de l’autoformation toute puissante est de retour avec le développement du Web 2.0, l’émergence des communautés virtuelles d’intérêt et d’apprentissage informel via les réseaux citoyens, ainsi qu’avec l’entrée dans l’ère de la société cognitive, instrument de la responsabilité du salarié face à la mise à jour de ses compétences et donc de son employabilité. Pour autant, face aux pratiques collaboratives de production et d’échange de connaissances, notre société voit se modifier le rapport au savoir dans laquelle les activités d’autoformation ont un rôle à jouer … mais sûrement dans un environnement d’apprentissage incluant une médiation pédagogique par les pairs et encadrée par des experts de contenus. On retrouve ici la notion d’apprentissage co-construit cher au socioconstructivisme que l’on retrouve dans les dispositifs de formation ouverte et à distance (Foad) ou encore dans l’usage de serious games (jeux vidéo sérieux) intégrés dans une séance collective de face à face pédagogique.
Pour aller plus loin
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Enseignement_assist%C3%A9_par_ordinateur
Article, Réflexions sur sept ans d’utilisation d’enseignement assisté par ordinateur (EAO), Josiane Tatin, 1989 : http://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_1989_num_87_1_1419
Article, Choix pédagogiques en usage en EAO, B. HUFSCHMITT, archives EDUTice, Le bulletin de l’EPI: https://edutice.archives-ouvertes.fr/edutice-00000841/file/b53p209.pdf
Archive EduTEC, Enseignement programmé et EAO: http://edutechwiki.unige.ch/fr/Enseignement_programm%C3%A9
Article, enseignement informatisé en France, 35 ans de projets d’EAO, Michel Burnier : http://www.revue-terminal.org/www/no_speciaux/83/Burnier.html
APP : individualiser n’est pas personnaliser ou apprendre à s’autoformer ! https://www.mindmeister.com/generic_files/get_file/787767?filetype=attachment_file