C’est quoi ?
« L’apprentissage collaboratif est une démarche active par laquelle l’apprenant travaille à la construction de ses connaissances. Le formateur y joue le rôle de facilitateur des apprentissages alors que le groupe y participe comme source d’information, comme agent de motivation, comme moyen d’entraide et de soutien mutuel et comme lieu privilégié d’interaction pour la construction collective des connaissances. […]
Dans la démarche collaborative, les apprenants collaborent aux apprentissages du groupe et, en retour, le groupe collabore à ceux des apprenants. » (p. 42) (Henri, France ; Lundgren-Cayrol, Karin. Apprentissage collaboratif à distance : pour comprendre et concevoir les environnements d’apprentissage virtuels. Sainte-Foy (Québec, Canada) : Presses de l’Université du Québec, 2001, 181p)
Précision sur l’apprentissage collaboratif et l’apprentissage coopératif
- Apprentissage collaboratif : Lors d’un apprentissage collaboratif, il n’y a aucune répartition des tâches entre les apprenants. Ces derniers travaillent tous ensemble à chaque étape de la production demandée. A la fin du travail réalisé, il est impossible de reconnaître les contributions individuelles des apprenants. Ce travail nécessite la mobilisation des capacités de communication et d’interaction de chaque apprenant.
- Apprentissage coopératif : Lors d’un apprentissage coopératif, les tâches sont clairement réparties entre les différents apprenants. Une tâche est donc confiée à chaque apprenant de façon claire et précise. Les travaux réalisés individuellement par les apprenants sont mis en commun et forment le travail final.
Enjeux et usages à l’origine
Panitz identifie des origines britanniques à l’apprentissage collaboratif (T. Panitz,1999, p. 5). Selon lui, « les praticiens de l’éducation de ce pays en seraient les instigateurs vu leur propension à rendre les élèves actifs, à faire qu’ils s’engagent collectivement dans le travail scolaire ». Une autre interprétation est avancée aux États-Unis par Damon et Phelps selon lesquels « les fondements de l’apprentissage collaboratif seraient issus de plusieurs champs scientifiques où les situations collectives de travail font l’objet d’analyses spécifiques » (Damon, 1984; Damon & Phelps, 1989). De même ; dans la psychologie piagétienne, ces situations incitent « les pairs à se décentrer, en adoptant des perspectives autres que les leurs ».
Le fait d’être confronté à un point de vue autre que le sien se traduit par « un choc des idées qui incite à réexaminer, revoir et justifier ses propres connaissances » (Source https://www.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-ere-nouvelle-2007-1-page-115.htm#re6no6 )
Usages pédagogiques
- L’apprentissage entre pairs
L’apprentissage collaboratif s’enrichit via la mobilisation de l’intelligence collective des apprenants et peut amener ces derniers vers « les chemins » de l’expression et de l’autonomie, éléments importants de l’apprentissage. L’apprentissage par les pairs permet donc aux apprenants de reconsidérer leurs rapports au savoir et de voir la formation autrement, il les responsabilise, leur donne confiance en soi. Le fait d’être confronté aux points de vue des autres conduit à une confrontation des idées qui pousse à réexaminer, revoir, justifier ses propres connaissances, accepter les idées des autres … source d’enrichissement mutuel.
- Favoriser la contribution active de l’apprenant
Il s’agit de mobiliser l’intelligence collective du groupe d’apprenants pour faire émerger les contenus de la formation au travers d’activités pédagogiques les impliquant individuellement et collectivement. Cela revient à co-construire avec eux la formation en partant de leurs propres connaissances, de leurs productions. Les activités de médiation mises en œuvre sont par exemple : un brainstorming, une synthèse collaborative, une carte heuristique collaborative …
- Exemple de travail en mode collaboratif : utilisation pédagogique de l’outil Padlet
- Exemple d’utilisation pédagogique de l’outil Padlet pour constituer dans un premier temps des groupes de travail avant de créer des espaces dédiés à ces groupes sur la plateforme Moodle
Intérêts pédagogiques
La confrontation des idées dans le cadre d’un apprentissage collaboratif a été étudiée par Perret-Clermont (1980), Doise & Mugny (1984) sous le nom de conflit socio-cognitif. Elle jouerait un rôle « perturbateur » à l’origine de la « reconstruction intellectuelle ». Les apprenants qui réalisent un travail collaboratif sont amenés à reconsidérer leur façon de penser et de voir les choses. En plus des apports cognitifs, la conception piagétienne voit dans le travail en groupe des bénéfices sociaux car aidant à développer des habiletés à communiquer ou à partager des idées (Damon, 1984, p. 333).
- Vidéo de témoignage d’une enseignante qui utilise Padlet pour la synthèse collaborative de son cours avec ses apprenants
- Vidéo de témoignage d’une enseignante qui utilise Mindomo pour faire travailler ses apprenants en mode collaboratif sur un sujet de veille ou sur le résumé du cours
Mise en garde
L’apprentissage collaboratif exige une implication et un investissement des apprenants. Il demande une autonomie, qui, si elle n’est pas bien gérée, peut amener les apprenants à s’investir inégalement dans le travail.
Freins à l’usage
Les apprenants, membres d’un groupe de travail, doivent se considérer comme des égaux sous peine de générer des conflits pouvant freiner le travail collaboratif. De même, un manque d’implication et d’investissement des uns et des autres engendrerait un blocage dans le travail. La quasi-symétrie des places et des positions occupées par chacun au sein des groupes collaboratifs est pratiquement considérée par Dillenbourg comme une condition sine qua non (Dillenbourg, 1999).
Et demain ?
L’enjeu de demain c’est de savoir intégrer les outils numériques collaboratifs (Padlet, Scrumblr, Mindomo, VideoAnt, Office365, AnswerGarden …) dans les activités pédagogiques ; alterner les temps dédiés à l’apprentissage collaboratif en présentiel et/ou à distance via des outils numériques adaptés. A cela s’ajoute le suivi et la vérification des connaissances acquises par les apprenants que ce soit dans le cadre d’un apprentissage collaboratif en présentiel et/ou à distance.
Pour aller plus loin
Baudrit, Alain, L’apprentissage collaboratif Plus qu’une méthode collective ?, De Boeck Supérieur, « Pédagogies en développement », 2007, 168 p.
Marcel Jean-François, Dupriez Vincent, Périsset Bagnoud Danièle et al., Coordonner, collaborer, coopérer. De nouvelles pratiques enseignantes. De Boeck Supérieur, « Perspectives en éducation et formation », 2007, 208 pages.
Baudrit, Alain « Apprentissage coopératif/Apprentissage collaboratif : d’un comparatisme conventionnel à un comparatisme critique », Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle 2007/1 (Vol. 40), p. 115-136.
https://www.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-ere-nouvelle-2007-1-page-115.htm
Walckiers, Marc, De Praetere Thomas, « L’apprentissage collaboratif en ligne, huit avantages qui en font un must », Distances et savoirs, 2004/1 (Vol. 2), p. 53-75.
https://www.cairn.info/revue-distances-et-savoirs-2004-1-page-53.htm
Baudrit, Alain, L’apprentissage collaboratif Plus qu’une méthode collective ?, De Boeck Supérieur, « Pédagogies en développement », 2007, 168 p.
Henri, France ; Lundgren-Cayrol, Karin. Apprentissage collaboratif à distance : pour comprendre et concevoir les environnements d’apprentissage virtuels. Sainte-Foy (Québec, Canada) : Presses de l’Université du Québec, 2001, 181p.
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