Au Cnam en Grand Est, des apprentis-ingénieurs en énergétique conçoivent un escape game pour sensibiliser aux questions climatiques

Faire concevoir à des apprentis-ingénieurs un escape game sur le développement durable, tel est le pari relevé par le Cnam à Nancy depuis deux ans. Et si « faire un jeu » était apprenant ?  Ainsi, les élèves ont disposé de 6 mois pour réaliser un escape game à destination du grand public sur les enjeux climatiques et énergétiques, qu’ils ont appelé « Last Earth Game ».

Accompagnés par un chargé d’enseignement expert du domaine, Arnaud Gauthier, ils ont dû conduire ce projet de A à Z, en mobilisant les compétences de l’ingénieur et en acquérant de nouvelles connaissances sur la thématique du développement durable. Une autre manière d’apprendre et de porter des objectifs pédagogiques.

 

 

Les apprentis-ingénieurs en énergétique avec leur enseignant Arnaud Gauthier (à droite), co-fondateur d’AJir Environnement, chargé d’enseignement au Cnam en Grand Est


Acquérir des connaissances sur la thématique
Qui a déjà conçu un jeu sérieux sait combien il faut maîtriser le sujet pour le vulgariser. Afin d’imaginer les énigmes de l’escape game, les élèves ont fait des recherches et ont acquis des connaissances nouvelles sur quatre thématiques : l’énergie, l’eau, la biodiversité et la gestion des déchets. Arnaud Gauthier les a accompagnés dans leur recherche : « je les ai amenés à réfléchir à ces thématiques et à disposer des bonnes sources. C’était plus mobilisateur que de leur dispenser ces savoirs de manière descendante ou sous forme de dossiers à réaliser ».

Apprendre à conduire un projet long et complexe
Concevoir un escape game, c’est aussi apprendre à conduire un projet long et complexe, ce qui correspond bien aux compétences attendues de l’ingénieur. La consigne de départ était simple explique Arnaud : « Réaliser, en six mois, un escape game pédagogique pour vulgariser le développement durable auprès du grand public ». Deux critères d’évaluation étaient mis en avant : « faire que les participants s’amusent et retiennent au moins une information sur le développement durable en sortant du jeu ».

Pour y arriver, il a fallu mobiliser toutes les compétences de la gestion de projet : « Qu’est-ce qu’un escape game, interroge Arnaud, des procédures, des étapes, un scénario, une production, des tests…  C’est à dire un travail d’ingénierie, une occasion de mettre en œuvre de manière opérationnelle les compétences acquises au Cnam ».

Le point fort du dispositif était la mise en œuvre opérationnelle avec des tests grandeur nature, puisque le jeu a été expérimenté pendant deux jours auprès des élèves du Cnam et des personnels permanents : « On a fait des crash tests le samedi au Cnam avec des groupes témoins pour régler la difficulté, c’était une motivation importante pour les élèves. A la moindre erreur, le jeu ne fonctionne pas. Ils avaient un retour direct et devaient faire les adaptations nécessaires. Je voulais que ce soit un vrai escape game ! », raconte Arnaud.

Manager le projet en respectant le développement durable
L’exercice permet donc d’apprendre « en faisant ». Et au regard de l’objet traité, il était inconcevable de ne pas concevoir l’escape game sans répondre également aux objectifs de développement durable. Pour la dimension sociale du projet par exemple, les élèves ont réalisé un partenariat avec les « Restos du cœur ». Les participants ne payaient pas l’entrée au jeu mais étaient invités à faire des dons. C’est une manière de confronter des concepts à la pratique » ajoute Arnaud. De la même manière, le dispositif immersif devait faire preuve de sobriété, s’appuyer sur de la récupération par exemple, sans perdre de vue la dimension ludique qu’exige un escape game.

Développer la créativité
Au final, la production des élèves est épatante. Elle fait preuve de beaucoup de créativité et d’ingéniosité. En effet, ils ont imaginé un scénario déplaçant les participants dans le temps et l’espace. Lorsque ces derniers entrent dans la salle, une voix off leur indique : « Nous sommes en 2080, cela fait 50 ans que les terriens se sont réfugiés en urgence sur la planète Proxima Centauri, à 4,2 années lumières de la terre. Mais… l’homme a épuisé les ressources et il faut retrouver les travaux d’un célèbre scientifique pour sauver la planète terre ».

Et pour relever ce défi, les participants sont enfermés dans une pièce et doivent répondre à 15 énigmes en moins d’une heure pour trouver la solution. Ces énigmes prennent la forme de chiffres, de codes, de réponses à des questions cachées dans des tiroirs ou des projections.

Elles sont prétextes à apprendre à trier les déchets, économiser l’eau ou favoriser la biodiversité. Concernant l’énergie par exemple, les joueurs doivent croiser plusieurs indices sur les façons de produire l’électricité pour rétablir la lumière. Ces indices ont été conçus à partir de chiffres clés fournis par l’Ademe*.

Un dispositif reproductible ?
Le jeu est simple dans sa conception technique, donc reproductible relativement facilement (si l’on excepte le coût des caméras). « Il faut deux salles pour le réaliser : l’une où se déroule le jeu, et l’autre pour le piloter. On a mis trois caméras de vidéosurveillance pour couvrir tous les angles de la salle et un système de micro pour parler aux participants, leur donner des indices… » explique Arnaud. On trouvera une vidéo de ce jeu ICI.

Un changement de paradigme dans le découpage des enseignements
Plus que la question technique, se pose celle du découpage des enseignements en Unité de valeur. Un tel projet est consommateur en temps pour les élèves. Il a été possible car il s’est inscrit dans plusieurs unités d’enseignement en même temps. C’est sans doute la condition sine qua non pour favoriser la formation transversale par projet au Cnam…

 

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