C’est quoi ?
L’apprentissage par projet est une pratique de pédagogie active qui permet de générer des apprentissages à travers la réalisation d’une production concrète (qu’on appelle projet). Le projet peut être individuel ou collectif. Un projet pose un but, identifie des moyens et des activités pour l’atteindre et aboutit à un produit évaluable. |
Lors de la démarche de projet, l’élève est placé en situation de résolution de problèmes, participant de fait au processus d’apprentissage. Cette pédagogie favorise également la motivation des élèves grâce à l’objectif d’une réalisation concrète.
Pour Philippe Perrenoud (2002) un apprentissage par projet :
- est une entreprise collective gérée par le groupe-classe ;
- s’oriente vers une production concrète (au sens large) ;
- induit un ensemble de tâches dans lesquelles tous les élèves peuvent s’impliquer et jouer un rôle actif, qui peut varier en fonction de leurs moyens et intérêts ;
- suscite l’apprentissage de savoirs et de savoir-faire de gestion de projet (décider, planifier, coordonner, etc.) ;
- favorise en même temps des apprentissages identifiables (au moins après coup) figurant au programme d’une ou plusieurs disciplines.
Enjeux et usages à l’origine
L’apprentissage par projet fait partie des méthodes dites actives. Ce sont les Américains John Dewey et William Heard Kilpatrick (au début du XXème siècle), ainsi que les tenants de l’éducation nouvelle comme Ovide Decroly et Célestin Freinet, qui sont les précurseurs des apprentissages par et dans l’action: l’élève est au cœur de sa formation et l’enseignant le guide au fur et à mesure de ses apprentissages. Dewey parle de « learning by doing ». Dewey pense que l’éducation se doit d’être pragmatique, en partant des intérêts des élèves, de leur vie quotidienne et en développant leur autonomie. Il veut placer l’expérience au centre des apprentissages.
Intérêt pédagogique
Cette méthode, à travers la collaboration, les recherches personnelles, les négociations
entre participants et les discussions de classe, a un impact positif sur l’apprentissage. Elle augmente les performances individuelles à travers un travail collaboratif. L’apprenant va construire son savoir au fur et à mesure de la réalisation du projet, en faisant des erreurs et en les corrigeant. Le projet provoque de ce fait des situations d’apprentissage.
Cette méthode permet de mieux articuler les apprentissages aux compétences attendues et de développer des compétences non strictement disciplinaires. Elle favorise l’implication de l’étudiant, développe son sentiment d’efficacité personnelle et sa motivation.
Elle permet aussi de développer son autonomie, de le responsabiliser et de le préparer en le confrontant à la réalité et la complexité du monde professionnel.
Le rôle de l’enseignant dans cette pédagogie est primordial. Selon Proulx (2004), il doit jouer à la fois le rôle d’entraineur, d’animateur, de motivateur et d’évaluateur.
Mise en garde
Il ne faut pas confondre l’apprentissage par projet avec les autres types d’apprentissage fondés sur l’investigation, utilisés dans l’enseignement scientifique et qui met l’étudiant en posture de chercheur : l’apprentissage visant à résoudre des problèmes, l’apprentissage par étude cas et l’apprentissage par la conception.
Le plus connu de ces styles d’apprentissage est celui qui vise la résolution de problèmes (problem-based learning), très utilisé dans l’enseignement de la médecine. Il s’agit pour les étudiants de trouver ensemble une solution à un problème réel posé.
Il existe également l’apprentissage par étude de cas (case-based learning) qui consiste à étudier différents exemples de problèmes complexes et réels, et l’apprentissage par la conception (design-based learning) qui consiste à apprendre en concevant et réalisant un produit final.
Il faut souligner également l’importance de la structuration du projet comme condition de réussite de l’apprentissage par projet : pas trop d’objectifs dans un même projet (Helle, 2006) pour qu’ils soient tous réalisables. La structuration du projet est une étape fondamentale nécessitant d’articuler les objectifs d’apprentissage avec les programme et les évaluations.
Freins à l’usage
Selon Proulx (2004), les freins peuvent venir de la réticence des enseignants à appliquer cette pédagogie. Il identifie trois raisons principales à cela :
- La crainte de désillusion entre le temps de mettre en place matériellement le projet et le temps effectif du projet
- Une adhésion partielle à certains postulats de l’apprentissage par projet, comme la mise en activité de l’élève par exemple, qui ne leur semble pas pertinente pour toutes les notions à aborder, ou comme le fait que tous les élèves doivent être intéressés par le même projet
- Une résistance à la nécessité de changer les pratiques traditionnelles, qui ne leur semblent pas si inefficaces que ça.
Pour aller plus loin (bibliographie, webographie)
PROULX Jean, Apprentissage par projet, Presses de l’université du Québec, 2004.
PERRENOUD Philippe, Apprendre à l’école à travers des projets : Pourquoi ? Comment ?, université de Genève, 2002, en ligne : http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1999/1999_17.html
Vidéos :
« Apprentissage par projet (APP) : nouvelle forme de pédagogie au sein de TSE », Philippe Alby, chercheur TSE et Chargé de cours et d’innovation pédagogique à l’Ecole TSE présente son nouveau dispositif d’apprentissage par projet (APP) enseigné auprès des Licence 3, février 2015 : https://www.youtube.com/watch?v=boku6JKYREU
« La pédagogie de projet », DANE Dijon (Délégation au Numérique Educatif), septembre 2015 :