Mutualisation et hybridation des enseignements au Cnam des Pays de la Loire

Frédérique Pontoizeau est responsable de formation au Cnam Pays de la Loire. Elle s’occupe entre autre, d’une licence « commerce, vente marketing » (CVM) en alternance intégrative, hybridée et mutualisée entre Nantes et Châteaubriant. C’est une première expérimentation au Cnam Pays de la Loire.
Après 5 mois de démarrage, il était temps de faire un premier retour d’expérience. Le Living Lab Sofa s’est entretenu avec elle.
Living Lab : peux-tu nous rappeler l’histoire et les enjeux de ce projet ?
Frédérique Pontoizeau : en septembre 2020, le directeur du Cnam Loire-Atlantique, m’a demandé de travailler sur un projet de déploiement d’une licence CVM à Châteaubriant. La communauté de commune de Châteaubriant-Derval venait de signer une convention partenariale avec le Cnam Pays de la Loire pour étoffer l’offre de formation post-bac sur son territoire et favoriser l’accès à la formation continue  aux salariés d’entreprises.
Living Lab : pourquoi avoir hybridé et mutualisé cette licence ?
Frédérique Pontoizeau : la première commande était d’hybrider. C’est-à-dire de proposer les temps de formation : 50% en présentiel et 50% à distance et cela pour des raisons de mobilité sur le territoire.
Dans un second temps, nous nous allions ouvrir une licence équivalente  à Nantes. Vu que la question des effectifs étaient incertaines, l’idée est venue de mutualiser les 2 licences.
Living Lab : quelle ingénierie as-tu imaginé ?
Frédérique Pontoizeau : je n’étais pas seule, heureusement ! J’ai tout de suite travaillé avec d’autres responsables de formation du domaine Commerce Marketing : Jacques, Marie-Hélène, Emmanuelle et également avec Nicolas du pôle d’innovationqui avait l’expérience des mutualisations.
C’était une vraie opportunité car j’étais libre dans mes propositions pédagogiques.
Nous avons alors imaginé ce projet :
Repenser le canevas de la licence (planning et déroulés pédagogiques de l’ensemble des unités d’enseignements), mutualiser les enseignements qui se tiendraient à distance et assurer une alternance dite « intégrative ».
Living Lab : comment t’y es-tu prise ?
Frédérique Pontoizeau : j’en ai vraiment profité pour repenser la progression pédagogique à un niveau macro, donc sur tout le diplôme et pas seulement au niveau de chaque unité d’enseignement.
J’ai rapidement impliqué les formateurs pour articuler toutes les unités de manière logique, en fonction des thématiques et ainsi concevoir un planning cohérent sur l’année.
J’ai demandé à chaque formateur d’interroger dans quelle mesure il pouvait hybrider son UE : était-ce impossible ? à moitié ? et pourquoi pas tout à distance ? et nous avons arbitré.
Il me fallait également renforcer l’accompagnement et le suivi des alternants en intégrant des temps de Retour sur l’Expérience (REX) à chaque retour d’entreprise, pour justement rendre cette alternance plus intégrative.
Puis pour finir, nous avons eu l’idée d’une nouvelle situation pédagogique avec une intention de méthode très active et par projet. Les alternants devaient, en petit groupe, créer une entreprise, sur l’année et chaque formateur pouvait alors s’appuyer sur ce travail pratique pour faire vivre son cours.
Living Lab : en Pays de la Loire, nos formateurs sont des professionnels, des experts métiers : comment ont-ils réagi à ce changement ?
Frédérique Pontoizeau : globalement ils ont bien réagi car je les ai impliqués dans le projet dès le début. Les intentions pédagogiques étaient donc partagées. Il fallait rendre les alternants plus actifs. Puis, j’avais un pool de formateurs sur Nantes sur qui je pouvais compter. Du coté de Châteaubriant, les formateurs ont été recrutés en fonction de l’état d’esprit du projet. C’est une réussite et ils ont vraiment joué le jeu.
Living Lab : comment s’effectue la coordination entre Nantes et Châteaubriant au niveau des enseignements ?
Frédérique Pontoizeau : en résumé, pour chaque UE hybridée, il y a 2 formateurs (1 sur chaque site pour le présentiel) et l’un d’eux est dit « référent ». C’est lui qui assure la partie à distance (avec les 2 promos Nantes et Châteaubriant en même temps). Puis en tant que Référent, il définit le scénario de l’UE et l’examen final. Evidemment, il doit se concerter et se coordonner avec le formateur de l’autre site.
Living Lab : la rentrée s’est effectuée en septembre 2021, quels sont les premiers retours ? réussites comme difficultés ?
Frédérique Pontoizeau : en effet, la rentrée a eu lieu le 13 septembre, les 2 promos étaient réunies sur le site de Nantes, soit 43 alternants (28 pour Nantes et 15 pour Châteaubriant). Nous voulions, dès le départ, créer une dynamique de groupe.
Dès le lendemain, chaque promo a eu un premier atelier pour aborder la question de l’alternance intégrative, l’intérêt des séances de REX que nous allions leur proposer et également le mode projet. Nous devions donner du sens.
Alors aujourd’hui, les alternants semblent globalement satisfaits de la qualité des enseignements, satisfaits des modalités pédagogiques, du mode projet et  des séances de REX. Ils parlent d’eux-mêmes d’alternance intégrative. Ils font vraiment du lien entre le Cnam et ce qu’ils font en entreprise. Franchement c’est positif.
Maintenant, je constate que ces méthodes actives leur demandent beaucoup de travail. Ils commencent à se mettre beaucoup de pression.
Le prochain semestre sera décisif pour garder cette bonne dynamique et amener l’ensemble des alternants à atteindre l’objectif final.
Living Lab : comment imagines-tu demain ?
Frédérique Pontoizeau : il va falloir travailler sur les enseignements à distance. Avec 43 alternants, cela fait beaucoup. C’est compliqué pour eux comme pour les formateurs. Certaines méthodes pédagogiques sont difficilement applicables à distance. Il faut trouver des compromis astucieux et exploitables en séances de 3h30 pour 40 élèves.
Coté coordination, il y a encore à s’interroger, notamment pour trouver le bon équilibre dans le travail des formateurs d’une même UE.
Bref, il va y avoir des réglages, mais franchement, c’est une belle expérience que je suis ravie de mener.

 

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