Alternance intégrative

ByEric Wahl

7 février 2024
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C’est quoi ?

Gérard Malglaive définit l’alternance intégrative comme un « Processus d’équilibration des compétences en formation par un aller et retour centre-terrain, pratique-théorie, fondé sur une articulation systémique où le centre, lieu de regroupement institutionnel, n’est pas le seul lieu de la théorie et où le terrain, lieu de la pratique professionnelle, n’est plus le seul lieu de la pratique ; où les acteurs des différents lieux fonctionnent en complémentarité et en synergie (plutôt qu’en juxtaposition, concurrence ou déni de l’autre). Ce processus est global et surtout pas cumulatif. » L’expérience des apprenants vient illustrer les enseignements et la pratique est vue comme l’application du savoir.

Autrement dit, elle articule et met en interaction théorie et pratique sur les 2 terrains de formation.

Dans un modèle d’alternance intégrative, l’élève devient acteur de son apprentissage en le construisant lui-même par la confrontation entre les savoirs acquis en formation, les savoirs acquis en entreprise (savoirs dits expérientiels) et ses représentations. Il développe également une démarche réflexive sur sa pratique. De ce fait, l’alternance intégrative ne peut se construire que sur un rapport de collaboration, de coopération et de réciprocité entre lieu de formation et lieu de pratique. « L’alternance intégrative se joue dans la concertation permanente des acteurs qui conservent chacun leur spécificité et leur zone d’autonomie parce que chacun obéit à sa logique propre. Et cette concertation a un objet unique et permanent : l’élève » Gérard Malglaive.

La mise en œuvre de l’alternance intégrative va également nécessiter d’articuler et de mettre en cohérence les périodes en entreprise et les périodes en formation, ceci en vue de donner du sens à l’apprentissage et ainsi de favoriser le processus de compréhension et d’intégration. Cette articulation sera accompagnée de la mise en place d’un travail réflexif sur le vécu et une transformation de l’expérience en connaissance, à partir de résolution de problèmes.

Enjeux et usages à l’origine

Dans les années 2000, le secteur social et médico-social est précurseur dans sa réflexion sur l’alternance  et œuvre pour un rapprochement plus étroit entre les savoirs théoriques et la pratique professionnelle. Les terrains de stage deviennent sites qualifiants.

L’alternance intégrative émerge en réponse au fort enjeu de professionnalisation par le développement de pratiques collectives d’accompagnement, la construction d’une identité professionnelle, la confrontation théorie-pratique, l’analyse de sa pratique à travers des situations professionnelles variées, et le renforcement de la confiance en soi.

Intérêt pédagogique

L’intérêt majeur de cette forme d’alternance est qu’elle favorise, aussi bien en situation de formation qu’en situation de travail, une démarche réflexive et un certain niveau d’implication personnelle dans la démarche d’apprentissage.

Mises en garde

Plusieurs conditions seront à réunir pour mettre en place une alternance intégrative :

  • un engagement des acteurs institutionnels (entreprises d’accueils, tuteurs, organismes de formation) et la définition d’un véritable partenariat
  • la construction d’une conception collective de l’alternance au sein des centres de formation, nécessitant une formation des formateurs eux-mêmes
  • la remise en cause pour les organismes de formation et entreprises d’accueil de leurs pratiques et des représentations de leur contribution au processus d’apprentissage
  • une évolution du positionnement des entreprises d’accueil vers la notion de « sites qualifiants », et un accompagnement à leur professionnalisation

Freins à l’usage

L’alternance intégrative de part son exigence de qualité d’accompagnement des alternants, engendre des contraintes et des coûts.

Les organismes de formation sont amenés à formaliser de manière plus avancée et plus exigeante le partenariat avec les entreprises d’accueil, les obligeant ainsi à mobiliser davantage de personnes et de temps. Cela peut conduire à une hésitation voire un retrait de celles-ci et ainsi à une baisse de l’offre de stages.

Pour aller plus loin

http://jdl2015.univ-lille1.fr/wp-content/uploads/R50_JDL22_033_Fourdrignier.pdf