Chronique d’une continuité pédagogique : du présentiel au distanciel

Episode 3 : Christine Gandubert, l’entraide et le travail en sous-groupe

La période de confinement liée aux risques du Covid 19 a amené plusieurs formateurs à modifier leur manière d’enseigner. Pour assurer la continuité pédagogique auprès des élèves, ils ont adapté leurs cours, initialement prévus en présentiel, en cours à distance. Et pour les premiers dans des délais très courts !  Alors comment ont-ils fait face à ces nouvelles contraintes ? Quelles stratégies ont-ils mis en place ? Comment ont-ils développé de nouvelles compétences à cette occasion ? Quelle a été le rôle de la formation pendant cette période ?

Et si cette situation de crise était l’occasion de réinterroger ses pratiques pédagogiques, de se remettre en question et d’adapter ses cours aux apprenants…

Le Living Lab Sofa a interviewé 3 enseignants durant le confinement, sur la façon dont ils ont réalisé leurs cours à distance. Ils ont été formés à la plateforme Moodle, ont découvert des outils de communication tel que le logiciel de visioconférence BigBlueButton ou de production de ressources pédagogiques tels que Screencast-O-matic pour la capture vidéo ou le mur collaboratif Padlet. Et puis, Le Living Lab Sofa a interviewé 3 enseignants, au tout début de la crise, sur la façon dont ils ont réalisé leurs cours à distance. Ils ont été formés à la plateforme Moodle, ont découvert des outils de communication tel que le logiciel de visioconférence BigBlueButton ou de production de ressources pédagogiques tels que Screencast-O-matic pour la capture vidéo ou le mur collaboratif Padlet. Et puis, ils ont expérimenté en direct.

Après le témoignage à de Jacques Guilpart, ingénieur et enseignant associé au Cnam, de Chantal Baudin Ouvrard, enseignante en communication orale, c’est au tour de Christine Gandubert, enseignante en méthodologie de projet de partager son expérience.

  • Assurer la continuité pédagogique

Pour Christine Gandubert aussi, la mission était un véritable défi : permettre à ses élèves de poursuivre des travaux d’ateliers commencés en présentiel en sous-groupe. Cette enseignante intervient dans la Licence professionnelle « gestionnaire d’établissements sociaux et médico-sociaux », dans un module de méthodologie de projet. Les stagiaires travaillent sur des études de cas et des problématiques spécifiques en atelier. L’enjeu était de leur permettre de travailler en sous-groupe à distance, en dehors des temps collectifs. D’autant que C. Gandubert le reconnait volontiers, « le numérique, ce n’est pas ma tasse de thé ».

  • Alterner apports de connaissances et ateliers
  1. Gandubert a un déroulé pédagogique très structuré lorsqu’elle est en présentiel : « En général, je fais des apports méthodologiques le matin, parce que c’est le moment où les stagiaires sont les plus disponibles pour la partie expositive. Ensuite ils travaillent en atelier, et l’on alterne les restitutions de leurs travaux et des retours en atelier. Et je passe d’un groupe à l’autre pour les accompagner ». Or les groupes étaient déjà constitués et avaient déjà engagé leurs travaux lors des séances précédentes en présentiel : il fallait donc qu’ils puissent se « retrouver » entre eux pour finaliser leurs travaux, mais à distance…
  • Organiser le travail en sous-groupe

Dans le cadre de la journée à distance, il a donc fallu donner aux élèves la possibilité de travailler en sous-groupe. « Ils ont utilisé soit la plate-forme, soit l’option de conférence téléphonique de leur smartphone, soit d’autres applications. L’ingénieur pédagogique m’a beaucoup aidé à paramétrer les applications, notamment le forum et BigBlueButton ». Rappelons qu’il est possible de donner provisoirement la main à un élève pour qu’il fasse une présentation ou des travaux de groupe, avec ou sans la présence de l’enseignant.

  • S’appuyer sur l’entraide entre stagiaires

Ce que retient surtout C. Gandubert, c’est l’entraide qui s’est très vite installée entre les élèves. « Nous avons résolu les problèmes au coup par coup. Il faut faire preuve d’humour et ne pas paniquer dans ces moments-là, c’est important l’humour en formation ! Mais surtout, j’ai beaucoup apprécié la réaction des stagiaires. Certains connaissaient mieux la plateforme que moi et donc ils s’entraidaient ». Ceux qui maîtrisaient mieux les outils ont aidé les autres à se les approprier, ce qui est en soi apprenant.

  • Reconstituer des restitutions de groupes à distance

L’objectif de la séance était de construire un argumentaire pour présenter leur projet devant des partenaires. Par exemple, un groupe devait défendre un projet d’amélioration d’un système de restauration devant un responsable d’un Ehpad, un maire, des représentants de l’ARS, du personnel… Ils devaient argumenter, sur la base de la matrice SWOT, pendant une vingtaine de minutes. Ensuite d’autres stagiaires leur apportaient la contradiction, en se mettant à la place des partenaires. BigBlueButton a permis cet échange, avec encore une fois des stratégies d’entraide avec ceux dont la connexion était défaillante : « il fallait composer avec ceux qui avaient le son et pas de caméra ou la caméra et pas de son et ceux qui utilisaient le chat ! Et par exemple, j’ai désigné des porte-paroles pour ceux qui ne pouvaient s’exprimer que par le chat. Ils relayaient leurs arguments. Et en fait c’était assez incroyable la prestation qu’ils ont faite au final ! C’est un bon exercice pour la préparation de leur soutenance orale ».

  • Soutenir les stagiaires pendant la période d’incertitude

Faire cours au début du confinement, c’était aussi faire face aux incertitudes et aux angoisses des stagiaires. Alors l’enseignante doit aussi rassurer, notamment sur les aspects de validation : « J’ai senti de l’angoisse avec certains membres du groupe : pour les personnes seules chez elles, ou qui doivent partager l’ordinateur parce que le conjoint est en télétravail ou les enfants à côté. Des inquiétudes sur le passage des épreuves et l’obtention du titre également ». Les travaux en sous-groupe sont aussi un moyen de maintenir un lien entre eux pour se sentir moins isolés. « Et les stagiaires que j’ai sentis plus en difficulté, je les ai sollicités davantage dans les mises en situation, afin de ne pas les perdre en route », explique encore C. Gandubert.
Les inquiétudes des stagiaires pouvaient être d’autant plus fortes qu’ils travaillent dans le secteur médico-social : « Il y a des personnes qui sont réquisitionnées et qui doivent retourner travailler dans les EHPAD par exemple. A côté, nos problèmes pédagogiques sont très relatifs »…
Et vous, comment avez-vous vécu la continuité pédagogique ? N’hésitez pas à réagir et à partager votre expérience en commentaire !

Sofa vous propose trois scénarios pédagogiques pour assurer la continuité pédagogique en formation.

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