Episode 1 : Jacques Guilpart, faire face à l’urgence, trouver des ressources adaptées
La période de confinement liée aux risques du Covid 19 a amené plusieurs enseignants à modifier leur manière d’enseigner. Pour assurer la continuité pédagogique auprès des élèves, ils ont adapté leurs cours, initialement prévus en présentiel, en cours à distance. Et pour les premiers dans des délais très courts ! Alors comment ont-ils fait face à ces nouvelles contraintes ? Quelles stratégies ont-ils mis en place ? Comment ont-ils développé de nouvelles compétences à cette occasion ? Quelle a été le rôle de la formation pendant cette période ?
Et si cette situation de crise était l’occasion de réinterroger ses pratiques pédagogiques, de se remettre en question et d’adapter ses cours aux apprenants…
Le Living Lab Sofa a interviewé 3 enseignants, au tout début de la crise, sur la façon dont ils ont réalisé leurs cours à distance. Ils ont été formés à la plateforme Moodle, ont découvert des outils de communication tel que le logiciel de visioconférence BigBlueButton ou de production de ressources pédagogiques tels que Screencast-O-matic pour la capture vidéo ou le mur collaboratif Padlet. Et puis, ils ont expérimenté en direct.
Jacques Guilpart, Frigoriste, dirigeant de MF Conseil SAS et professeur associé à l’Institut Français du froid Industriel (IFFI-CNAM), est le premier à témoigner.
- Faire face à l’urgence
Jacques Guilpart a dû faire face très rapidement ! Deux cours étaient programmés en présentiel dès la première semaine de confinement. Un cours théorique et un TP dans l’unité d’enseignement « production du froid/composants frigorifiques ». Or il l’annonce d’emblée : « j’ai l’habitude de faire cours en écrivant beaucoup au tableau, à distance cela semblait plus compliqué ». D’ailleurs son premier réflexe a été de se filmer chez lui devant un tableau blanc. Très vite, la perspective de se retrouver seul dans son garage à faire cours lui est apparue peu adaptée. « Et puis il n’y avait plus de marqueurs au supermarché ! » ajoute-t-il avec humour. En réalité, il a su mobiliser rapidement différentes stratégies pour s’adapter à la situation.
- S’appuyer sur des ressources existantes
Première stratégie, aller rechercher des ressources existantes. « Il m’était impossible d’écrire en quelques jours les cours que je faisais à l’oral au tableau, j’y aurai passé mes nuits. Un collègue faisait le même cours pour des élèves alternants, et il utilisait un PowerPoint très complet et très rigoureux. Il a accepté de le partager pour que je le commente devant les étudiants ». Ce support d’un collègue constituait un support à sa présentation et une mémoire pour les apprenants. Il n’est pas toujours nécessaire de produire des ressources nouvelles.
- Se faire accompagner pour la prise en main des outils
Seconde stratégie, J. Guilpart s’est saisi de l’accompagnement mis en place par le Cnam. « J’ai suivi notamment les classes virtuelles où des ingénieurs pédagogiques présentaient l’environnement numérique de formation, Moodle et des outils que nous pouvions utiliser comme BigBlueButton et Screencast-O-matic. C’était très bien fait et cela m’a aidé à commencer à structurer mes cours ».
Sa connaissance antérieure d’autres plateformes de formation l’a aidé dans la prise en main de ces outils qu’ils jugent au final « relativement simple d’utilisation ». Le rôle des ingénieurs pédagogiques a été fondamental dans le travail pour assurer la continuité pédagogique : il ne s’agissait pas seulement de permettre aux enseignants de s’approprier les outils existants, mais également de les aider à repenser la configuration de leur cours.
- Repenser le séquençage du cours et les modalités pédagogiques
Si J. Guilpart est resté dans un mode plutôt transmissif pour la partie théorique du cours en utilisant le logiciel de visioconférence BigBlueButton (BBB), il a réorganisé ses Travaux Pratiques en séquençant davantage les temps de la journée et en précisant ses consignes par écrit. « Les élèves se connectaient au début de la journée et je présentais en visio les objectifs, le déroulé du cours, j’expliquais les exercices à faire. Je leur montrais où étaient les ressources dont ils avaient besoin sur Moodle, et surtout, je restais disponible sur le chat en leur disant qu’il pouvait m’interpeller s’ils avaient des questions ». Des points de rendez-vous étaient fixés régulièrement pour commenter les résultats. La difficulté tenait dans la réalisation des mesures nécessaires aux étudiants pour faire leur exercice : « En présentiel, je les accompagne dans la salle des machines d’une entreprise pour faire des relevés et ils travaillent à partir de leurs résultats. Compte-tenu des circonstances, j’ai repris les valeurs relevées par des étudiants l’année dernière ». Les apprenants devaient enfin mettre leur compte-rendu de TP sur un mur collaboratif Padlet.
- S’adapter aux aléas techniques
Dans les premiers jours suivant le confinement, les enseignants ont dû faire face à des problèmes de stabilité des plateformes. « Les étudiants mettaient parfois du temps à charger les documents dont ils avaient besoin et il n’était pas toujours possible de se voir tous en caméra. Les partages de bureau n’étaient pas toujours fluides ». Il est vrai que le premier réflexe pour un enseignant qui découvre la formation à distance est de vouloir voir tous ses élèves comme en présentiel. Or dans la pratique à distance, et de manière à limiter la consommation de bande passante sur les réseaux, il est préférable de ne connecter que la webcam de l’enseignant et celle de l’élève qui parle. Cela fait partie des préconisations technico-pédagogiques. Afin de pallier la saturation des serveurs due à la montée en charge importante des classes virtuelles, ceux-ci ont été upgradés rapidement pour permettre de retrouver un confort d’apprentissage. Dans ce lapse de temps, pour J. Guilpart a fallu s’adapter : cela a amené le groupe à utiliser d’autres média pour communiquer à certains moments (comme une version gratuite de GoToMeeting ou zoom par exemple), avant de revenir, lorsque les conditions étaient plus favorables à BBB.
Dans une situation nouvelle, cet enseignant a su mobiliser des ressources nouvelles, se les approprier dans un délai très court avec l’aide de l’équipe pédagogique, et montrer sa capacité d’adaptation dans un champ de contraintes inédit, notamment techniques.
Et vous, comment avez-vous vécu la continuité pédagogique ? N’hésitez pas à réagir et à partager votre expérience en commentaire !
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