Philips 6/6 (technique pédagogique)

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Objectif(s) :

Le Phillips 6/6 est une technique pédagogique de discussion ou de travail en groupe qui a été mise au point en 1948 par J. Donald Phillips, ancien professeur d’éducation des adultes au Collège d’Etat du Michigan. Elle consiste à diviser un groupe important en sous-groupes de personnes pour des délibérations de minutes (d’où 6/6), à partir d’une question précise formulée par l’animateur. Elle se caractérise par un effort de réflexion intellectuelle collective, brève et intense.

C’est une technique pédagogique qui permet de faire produire des idées réfléchies en petits groupes en un temps limité.

Elle peut être utilisée plus spécifiquement pour :

  • la résolution de problèmes abstraits (mathématiques, physique, économie, …)
  • la résolution de problèmes concrets qui supposent un diagnostic et une prise de décision (études de cas).
  • l’étude de questions faisant intervenir le jugement, l’évaluation, l’opinion, sans qu’il y ait de solution à apporter : explication ou interprétation de textes littéraires ; analyse critique de films ou d’œuvres plastiques ; questions de philosophie ou de
  • l’animation d’une séance de débats et de questions après un exposé ou une conférence.

Déroulement et consignes :

9 étapes

  1. L’animateur présente l’objectif de formation et le thème de travail. Il aura découpé auparavant le thème de travail en sous-questions.
  2. Il invite les participants à constituer des sous-groupes de 6 personnes (par tirage au sort, par affinités, autoritairement ou selon un critère d’hétérogénéité). Il informe que chacun des sous- groupes devra répondre à la question formulée en 6
  3. Chaque groupe se “choisit” un rapporteur (désigné, nommé, élu,…). Le rapporteur peut être un membre différent du sous-groupe à chaque tour. Son rôle sera aussi de veiller à ce que chacun s’exprime au sein du sous-groupe.
  4. L’animateur formule clairement et avec précision le premier problème soumis à l’ensemble du groupe.
  5. Chaque sous-groupe travaille indépendamment pendant 6 mn sur le problème posé. Chacun est tenu de donner son point de vue (d’où +/- 1 mn de parole par personne). Le rapporteur note la production du groupe.
  6. Une fois les 6 mn écoulées, l’animateur interrompt les travaux des sous-groupes.
  7. Séance plénière : l’animateur donne la parole aux rapporteurs. Chacun d’entre eux présente au groupe total les résultats de son équipe. Les idées (non redondantes) sont inscrites par l’animateur au tableau et examinées ensuite très brièvement, sous la conduite de l’animateur, par les rapporteurs des différents L’animateur fait une synthèse rapide des échanges.
  8. L’animateur présente ensuite la question suivante jusqu’à épuisement du thème. Si nécessaire, une même question peut être reprise une 2ème ou 3ème fois pour clarifier davantage les options des sous-groupes et du groupe total. Repasser à nouveau par les étapes 5, 6, 7 et 8 si question posée; passer au n° 9 si fin des
  9. Avant de faire la synthèse finale du thème général de travail (éventuellement précédée d’une discussion finale entre les rapporteurs sous la conduite de l’animateur), celui-ci rappelle très succinctement les synthèses précédentes.

Il est possible de lancer un débat général si la synthèse qui a fait apparaître de trop grandes divergences.

Matériel nécessaire :

Conditions spatiales : un local suffisamment grand pour permettre aux différents sous-groupes de se répartir sans se gêner mutuellement.

Accessoires ou matériel : un grand tableau noir ou un tableau avec feuilles volantes (+ marqueur ou craie), papier et stylos ou feutres pour les sous-groupes.

Contexte d’utilisation (Public, etc.) :

Cette technique est intéressante pour faire travailler des groupes relativement nombreux : 25 personnes et plus ; 75 semble une limite supérieure. Elle peut s’appliquer également à des groupes plus restreints en jouant sur la variable « nombre de personnes ».

L’hétérogénéité du groupe et des sous-groupes est favorable à la production. Durée : 1h30 à 2h30 suivant les situations.

Points forts :

La durée limitée suscite le sentiment de ne pas avoir eu le temps de tout dire et la volonté d’aller ensuite plus vite, c’est-à-dire de se concentrer sur l’essentiel. On peut varier les paramètres  “nombres de personnes” et “temps” mais en respectant l’exigence “nombre restreint”, “durée brève”. La présence des sous-groupes dans une même salle stimule l’activité. Il faut quelques fois  leur demander de parler moins fort, mais cette voûte sonore est une aide plus qu’une gêne.

Mises en garde  :

Les questions de départ doivent être parfaitement claires et non ambigües afin que les productions des participants soient « comparables » entre elles et que l’organisation finale de ces productions ait du sens aux yeux de tous.

L’efficacité de la méthode dépend aussi de la rapidité de synthèse de l’animateur. Le danger est de ralentir le rythme de travail par des synthèses trop lourdes et pas assez précises. Les mises en commun des rapporteurs sont parfois laborieuses, d’où des synthèses difficiles.

L’utilisation de la technique de travail en groupe Phillips 6/6 nécessite donc une capacité développée et entraînée de synthèse et d’observation des différents groupes dans leurs interactions internes et externes (via le rapporteur).

Pour que les résultats dégagés expriment réellement les productions des sous-groupes, l’animateur doit se tenir strictement à la neutralité bienveillante par rapport au fond.

Autres techniques avec le même objectif :

Etude de cas

Références :

Ardoino, J. (1964). Informations et Communications dans l’entreprise et les groupes de travail. 2ème édition. Paris : Editions d’organisation.

Deldime, R. & Demoulin, R. (1975). Introduction à la psychopédagogie : à l’usage des étudiants : Guide méthodologique, exercices, référentiel théorique. Bruxelles : De Boeck.

Hostie, R. (1974). Session de sensibilisation aux relations humaines : guide pratique. Paris : Epi.

© Emmanuelle Betton _ Cnam

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