Concevoir des ressources pédagogiques qui prennent en compte le déficit visuel

L’adaptation des ressources pédagogiques d’un cours pour les rendre accessibles à une personne malvoyante exige des efforts. Loin d’être insurmontables, ces efforts bénéficient de surcroit à tous. De même, la technologie améliore le confort des apprenants, encore faut-il qu’elle soit utilisée à bon escient et avec des supports bien structurés.

Nous avons demandé à Marie-Hélène SAINLEZ, référente handicap élèves au Cnam des Pays de la Loire, de nous donner quelques clés pour aider les formateurs à concevoir des cours plus inclusifs.

Tous les handicaps ne sont pas visibles
Marie-Hélène nous rappelle d’abord que tous les handicaps ne sont pas visibles et que tous les apprenants ne partagent pas leur handicap avec le formateur : « Certains stagiaires ont un handicap invisible et ne se manifestent pas, voire ne souhaitent pas le faire, par crainte de la stigmatisation. D’ailleurs je ne recommande pas d’arriver en cours en demandant : « Y-a-t-il des personnes en situation de handicap dans cette promo ? ».

Ces célébrités ont un handicap invisible : Leonardo DiCaprio atteint de TOC, Tom Cruise dyslexique, Tiger Wood bègue, Lionel Messi autiste asperger.

Des formes d’accompagnements individualisées
Marie-Hélène rappelle aussi qu’un enseignant peut-être confronté à une multitude de situations de handicap qui nécessitent des formes d’accompagnements très différentes. « Je préfère parler de « situation » de handicap plutôt que de personne handicapée car ce handicap va apparaître dans un environnement matériel et humain donné dans lequel elle va avoir des contraintes. Notre travail est de mettre en place des aménagements pour gommer les obstacles et rendre l’environnement plus accessible. Par exemple, un élève dyslexique va être en situation de handicap en formation (s’il doit rédiger par exemple), alors qu’il ne le sera pas lors d’une course d’athlétisme ».

Le principe de la compensation
Le handicap se définit donc toujours par rapport à une situation donnée et il donne droit à une compensation. « Le principe retenu par la loi est que ce n’est pas la personne qui est handicapée, c’est l’environnement qui n’est pas adapté à la diversité de la population. Le principe de l’inclusion est de concevoir des environnements qui s’adaptent à tous, aussi bien la personne handicapée en fauteuil roulant que le parent avec la poussette, la personne vieillissante avec son déambulateur ou sa canne ». Ce qui signifie qu’il faut individualiser l’accompagnement.

Concernant les cours, le principe est le même, on part d’une demande individuelle, et on apporte une réponse qui peut être utile à tout le monde.

Exemples de solutions adaptées
Marie Hélène nous raconte l’exemple d’une étudiante qu’elle a accompagnée : « elle avait une acuité visuelle faible et nous a demandé de lui apporter des solutions adaptées pour suivre les cours. Dans la salle, nous avons installé une caméra orientée vers le tableau pour retransmettre l’image sur l’ordinateur de l’élève. Elle pouvait ainsi zoomer ou voir davantage de détails au fur et à mesure que le formateur faisait des graphiques ou des écrits sur le tableau. Cela lui permettait aussi de faire des Screenshots et de les réintégrer dans son cours. Ce dispositif était accompagné d’un outil de prise de notes partagées bénéficiant à la fois à cette personne, mais aussi à l’ensemble de la promotion ».

Plus généralement, il est important de faire varier les supports, les méthodes et ressources pédagogiques. Par exemple avec des podcasts, des textes, des lecteurs d’écran et des synthétiseurs vocaux, même s’il faut toujours garder en tête l’individualisation.

Concernant les textes, il y a des améliorations simples : un texte aéré, avec un interlignage à 1,5, des polices de caractères plus lisibles… « Ainsi, à la fin des cours présentiels, on peut distribuer un support écrit, ce qui permet aux personnes malvoyantes ou dyslexiques d’avoir un support bien orthographié pour les termes techniques », nous explique encore Marie-Hélène.

Les + de Sofa :
Un module d’auto-formation sur la conception universelle de ressources éducatives en ligne se trouve sur le site de Sofa.

Enfin on peut renvoyer à un Mooc inclusif sur les bases en accessibilité numérique, les éléments indispensables pour la conception d’un cours en ligne accessible.

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