Le hackathon à distance pour apprendre la coopération et la complexité

Un hackathon est un évènement réunissant plusieurs participants pendant un temps délimité pour collaborer sur un sujet ou développer un projet. Le terme est issu de l’anglais « Hack » (s’introduire dans un système informatique) et du français « marathon » (sans interruption). Il a été imaginé par des communautés de développeurs informatiques qui se regroupaient pendant plusieurs jours pour développer des prototypes d’applications innovantes en mode collaboratif tout en faisant la fête ! Aujourd’hui c’est une méthode très utilisée par les entreprises pour innover et imaginer leurs évolutions.
On ne s’étonnera donc pas que Xavier Aimé, Responsable pédagogique du Master Mégadonnées et Analyse sociale (MEDAS) au Cnam Pays de la Loire, ait eu envie d’organiser un Hackathon avec ses élèves. Pour enrichir la démarche, il a eu l’idée d’y associer les élèves du MEDAS Paris ainsi que ceux de 3ème année de la filière Ingénieur Génie électrique. Avec la crise sanitaire, il a dû s’adapter en organisant cet Hackathon intégralement à distance !
Il nous partage les coulisses et les enseignements de cet évènement.

Living Lab : Quel était le thème de ce Hackathon ?
Xavier : la précarité énergétique. L’objectif était de créer un outil d’analyse et de détection de la précarité énergétique à l’échelle du territoire vendéen. Il s’agissait, plus spécifiquement, d’acquérir un outil capable de définir des zones géographiques dans lesquelles la population est susceptible d’être significativement en situation de précarité énergétique, tout en garantissant le respect des règles de confidentialité des données commerciales et personnelles sensibles. Les zones détectées permettront à terme d’engager des actions d’accompagnement et de sensibilisation.
Living lab : Quel était l’objectif pédagogique de ce Hackathon ?
Xavier Aimé : Il s’agit de développer les compétences transverses des élèves. En gros les faire sortir de leur zone de confort, en les faisant travailler avec des élèves d’autres univers, pendant en un temps court (2 jours), sur une thématique qu’ils ne connaissent pas. C’est un exercice où les connaissances, le mental et le physique comptent. Le savoir-faire, l’esprit critique et le savoir-être sont pleinement mis en œuvre. Enfin c’est l’occasion d’aborder la pensée complexe, en expérimentant et en sortant de sa seule discipline !

Living Lab : A qui est-il destiné ?
Xavier : Le SyDEV*, Enedis et le Département de Vendée sont les bénéficiaires du livrable retenu par le jury. Les utilisateurs de l’outil de détection de la précarité énergétique sont les employés des services respectifs de chaque organisation.  Les étudiants lauréats se sont vu remettre un certain nombre de prix (différé avec le COVID) et bénéficieront d’un parcours d’entretiens RH au sein de l’entreprise Enedis*.

Living Lab : Comment s’est-il déroulé ?
Xavier : il y a eu un travail préparatoire en amont : les élèves ont reçu un bref cahier des charges expliquant les différentes notions liées à la précarité énergétique et présentant les attendus de manière suffisamment large pour ne pas brider la créativité. La composition des équipes a également été communiquée en amont pour qu’ils puissent faire connaissance avant le hackathon (chaque équipe était dirigée par un étudiant de La Roche sur Yon et comptait au moins un représentant de chaque formation). La première journée était consacrée à la phase d’idéation avec une présentation de 3 projets « à grosse maille » possibles. Il devait en être retenu deux sur les trois par équipe. Le jury, après audition de tous, a finalement décidé que les trois propositions étaient complémentaires. Il a donc demandé aux équipes de réfléchir à une fusion de leurs trois projets. Ils ont alors passé la nuit puis le lendemain matin à travailler sur cette fusion. Puis lors du dernier après-midi, les apprenants ont préparé un prototypage de la solution qui leur semblait la meilleure. Ils l’ont présenté devant le jury. Des temps de questions réponses avec les commanditaires et experts de la thématique étaient régulièrement organisés tout au long de ces deux journées pour s’assurer que la solution à proposer corresponde bien à la demande. Le Hackathon s’est terminé par la remise des prix. Evidemment, le contexte sanitaire n’a pas permis de fêter l’évènement, mais ce n’est que partie remise !

Living Lab : Quels enseignements tirez-vous de cette expérience ?
Xavier : Les commanditaires ont été surpris dans le bon sens du terme par la qualité du travail fourni et par la capacité d’appropriation d’un sujet qui n’était pas évident. Un groupe (2e prix) a même élaboré un nouvel indicateur de précarité énergétique qui a fortement retenu l’attention du jury. Nous avons eu une très forte implication de tous les étudiants, avec un bon état d’esprit, même si au début des deux jours, certains étaient venus à reculons.

Living Lab : Avec la crise sanitaire, vous avez dû organiser ce Hackathon à distance, qu’est-ce que cela a changé par rapport au présentiel ?
Xavier : Le plus important, c’est de disposer d’outils de communication qui fonctionnent ! Et cela a été notre cas. La présence et la forte implication d’animateurs pour accompagner les étudiants durant toute la période fut également une clé de la réussite. Enfin, le fait de tout faire à distance a offert une très grande souplesse dans l’organisation et a permis de réduire les coûts d’un tel évènement.

Living Lab : Quels conseils donneriez-vous à des collègues pour réaliser un hackathon à distance dans de bonnes conditions ?
Xavier : Il faut une véritable appropriation et adhésion en amont chez toutes les parties engagées. Chaque équipe pédagogique doit être investie dans la préparation de l’évènement auprès des élèves participants. Nous avons eu la chance que les étudiants se soient bien entendus car il y avait vraiment une très grande disparité en termes d’appréhension et de préparation du hackathon.
Les outils de travail collaboratifs, particulièrement dans ces conditions, doivent être tous opérationnels 24/24.  La connexion internet des étudiants doit également être de bonne qualité, surtout pour les soutenances présentations des solutions retenues.
Les prix décernés doivent également être clairement définis par tous les partenaires bien avant le début du hackathon.
Concernant l’organisation du hackathon, ce doit être l’œuvre d’un groupe et non d’une personne (en l’occurrence moi). C’est très lourd à organiser et très chronophage.
Si le tout distanciel offre beaucoup d’avantages, la partie festive est tout aussi importante. Là, on a tout de même ressenti un gros manque. Mais ce n’est que partie remise !

Un autre récit de Hackathon, le Cnamathon du Cnam Grand Est

*Sydev : Syndicat Départemental d’Energie et d’équipement de la Vendée

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