L’écriture collaborative : un prétexte pour favoriser l’intelligence collective

Lorsque le Living Lab Sofa a rencontré Mélanie, formatrice en droit au Cnam, pour parler de l’écriture collaborative, elle a évoqué l’importance de « jardiner le contenu ». Mais que voulait-elle nous dire avec cette expression ? Comment utiliser l’écriture collaborative pour favoriser le travail en sous-groupe ? On pourrait croire qu’il suffit de partager un lien vers un outil d’écriture collaborative et hop ! La production collective se fait toute seule ! Ce n’est peut-être pas si simple… Il y a des conditions pour que l’écriture collaborative réussisse. Mélanie nous les rappelle.

Living Lab : dans quel contexte avez-vous utilisé l’écriture collaborative ? 
Mélanie : régulièrement je demandais aux apprenants de travailler en petits groupes sur des thèmes donnés. Ils devaient par exemple faire la synthèse d’articles de loi et de jurisprudences. Je constatais leur difficulté à collaborer, notamment dans l’écriture de restitution. J’ai donc cherché un outil qui leur permettait d’écrire à plusieurs et en même temps. Cela les a beaucoup aidés, mais j’ai vite compris que cela ne suffisait pas.

Living lab : quel outil avez-vous utilisé ?
Mélanie : Digidoc, c’est un outil de co-écriture « simple et basique », comme dirait Orelsan… mais diablement efficace aussi ! Je l’ai choisi car il permet de suivre le travail de chacun. Chaque apprenant doit indiquer son nom par une couleur et on peut ainsi suivre sa contribution au travail collectif. Digidoc offre aussi la possibilité d’accéder à l’historique et de visualiser en accéléré toutes les modifications réalisées ! Les numéros de ligne permettent également de se repérer et de communiquer facilement. Et à la fin du travail, il est facile d’exporter le texte, soit sous forme de texte libre, soit sous format Microsoft Word…  et de le déposer dans l’espace de cours.

Living lab : quelles sont selon vous les conditions de réussite de l’usage de l’écriture collaborative ?
Mélanie : J’ai observé que lorsque je laissais les apprenants s’organiser entre eux, le travail n’était pas toujours équitable. Une manière de faire est donc de leur proposer de définir des « accords collectifs de groupes ». Je les invite à réfléchir sur comment co-écrire dans un espace partagé. Aux accords classiques types : bienveillance, confidentialité, assertivité…. viennent s’ajouter des consignes d’utilisation de l’outil. Par exemple, je leur demande d’ajouter leur nom et la couleur à laquelle ils sont associés en haut du document. Ainsi chacun peut identifier qui a contribué. Je les fais également réfléchir aux conditions pour effacer le travail d’un autre, car cela peut être source de conflit…

Living lab : faut-il forcément être en regroupement synchrone pour co-écrire ?
Mélanie : Non ! Justement, c’est tout l’intérêt de l’outil : on peut travailler sur un Digidoc en synchrone comme en asynchrone. Dans le cadre de l’exercice que je donne, j’ai programmé un temps en présentiel pour composer les groupes, se mettre d’accord sur les objectifs et consignes. Ils disposent ensuite d’un temps individuel où ils vont pouvoir faire des recherches et rendre compte sur le Digidoc (en général de deux semaines). Il est d’ailleurs possible d’utiliser un espace de chat pour communiquer entre les contributeurs (le « clavardage »), c’est notamment intéressant en asynchrone pour laisser des messages aux autres. Je planifie enfin un temps de regroupement en classe virtuelle pour organiser et « jardiner » le texte.

Living lab : qu’entendez-vous par « jardiner » le texte ?
Mélanie : il faut veiller à ce que tout le monde contribue mais également à ce que toutes les contributions soient valorisées. Autrement dit, faire en sorte que chacun respecte et reconnaisse le travail des autres. Y compris des travaux de relecture ou de correction par exemple ! J’aime à dire qu’il faut identifier une personne du groupe qui va « jardiner  » les contenus pour rendre le document accessible à la lecture de tous. Et plus particulièrement du formateur qui va l’évaluer. « Jardiner », c’est organiser et structurer l’écrit, le lisser pour éviter les répétitions ou améliorer la forme ou le style pour répondre aux critères d’évaluation. C’est d’ailleurs l’occasion d’identifier les compétences de chacun et d’en développer de nouvelles.

Living lab : avez-vous encore d’autres usages de l’écriture collaborative ?
Mélanie : Oui, j’encourage aussi les apprenants à utiliser Digidoc pour la prise de note collective d’un cours. Cela la rend beaucoup plus complète, voire exhaustive. Et cela constitue un bon terreau pour les révisions, dès lors qu’il y a un jardinier dans le groupe…

Cet article a d’ailleurs été écrit en collaboration.

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