Ouvrir la créativité par le biais d’une contrainte : un usage de Learning Battle Cards

Rencontre avec Hélène Meyer, chargée de projets au Pôle pédagogie et digital du Cnam Pays de la Loire. Elle revient sur une formation de formateurs aux outils digitaux où elle a eu recours à un jeu de carte, Learning Battle Cards, pour l’aider à rendre ces outils plus intégrés à des parcours pédagogiques.

Sofa : Pourquoi avez-vous eu recours au jeu de carte Learning Battle Cards ?
Hélène : Dans une formation de formateurs, il y a une partie ingénierie de formation et une partie manipulation des outils numériques. Et parfois, lorsque je demande aux participants ce qu’ils pourraient en faire en formation, la restitution est assez pauvre. Les idées qui viennent sont souvent la première fonction de l’outil ou des exemples que j’ai pu moi-même donner. Ils ne sont pas forcément très créatifs. Du coup j’ai eu l’idée d’utiliser le Learning Battle Cards pour les aider à se projeter sur d’autres usages auxquels ils ne pensaient pas nécessairement.

Sofa : En quoi consiste ce jeu exactement ?
Hélène : C’est un jeu de 108 cartes et chaque carte contient des informations sur une méthode ou une technique d’apprentissage. Le recto définit la méthode et présente un nuage de mots associés. Le verso contient des informations sur la granularité, l’utilité, la spécificité de la méthode… Ces méthodes sont à la fois des méthodes traditionnelles (conférence, film, simulation, sondage…) et innovantes (micro-blog, évaluation à 360°, storytelling, wiki, réseau social,…). Le but est de permettre aux participants de travailler avec une plus grande variété de méthodes pédagogiques et d’élargir leur créativité.

Sofa : Et vous, vous en avez détourné l’usage ?
Hélène : J’en ai fait une déclinaison, mais il est conçu dans cet esprit. A l’origine c’est une méthode pour intégrer le design thinking dans la conception de formation.  Il est plutôt conçu pour mieux prendre en compte les besoins des bénéficiaires de la formation. Pour ma part, je n’ai pas utilisé toutes les cartes. J’en ai sélectionné certaines et j’ai demandé aux apprenants d’imaginer une activité pédagogique intégrant un outil digital, en lien avec une des cartes. L’idée, c’était de rajouter une contrainte pour les inciter à être créatif. Je leur ai demandé de piocher trois cartes, de choisir celle qui leur « parlait » le plus. La contrainte, c’est prendre une de ces cartes, prendre un des outils qu’on a vu, et puis remplir une fiche « activité ». La consigne de la fiche activité était : « j’imagine une activité pédagogique en lien avec la carte et un outil et je la décris ici ».

Sofa : Pouvez-vous donner des exemples concrets ?
Hélène : une participante a choisi la carte « lunch and learn » (« déjeuner et apprendre »). Elle a imaginé une formation en anglais où chacun doit amener à manger et présenter sa recette en anglais et en vidéo. Il poste en amont sur un Padlet la vidéo produite, chacun regarde la recette de l’autre. Ensuite on mange et on discute en anglais, et à la fin du repas, chacun s’engage à faire le repas d’un autre en suivant la recette qui a été produite en anglais par l’autre. Une autre a pioché la carte « ressource libre ». Pour que les apprenants soient impliqués pendant la formation, ils doivent trouver une ressource (vidéo, article…) en lien avec le sujet de la formation qu’ils vont déposer sur un Padlet. Au début de la formation, chacun présente ce qu’il a trouvé, et ça permet de commencer la formation en étant déjà sensibilisé. Pour ma part, ma carte, c’était « exposition » et j’avais choisi de faire un plan interactif en mode collaboratif : les apprenants doivent se répartir dans une entreprise pour chercher des informations, faire des interviews, des photos des différents espaces. Et ensuite ils créent un plan interactif avec l’outil thinklink que l’on a vu en formation.

Sofa : Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
L’outil est intéressant car il suscite beaucoup d’échanges et d’interactions autour d’activités pédagogiques. Il permet d’emmener les apprenants plus loin dans la créativité, de leur donner des idées de ce qu’ils peuvent faire d’un outil numérique dans une formation ; d’avoir une idée originale, pas seulement une vidéo transmissive que je vais poster avant la formation. Bref de faire du lien avec la pédagogie d’ouvrir la créativité par le biais d’une contrainte !
Pour en savoir plus sur l’usage des learning battle cards, c’est ici.

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One thought on “Ouvrir la créativité par le biais d’une contrainte : un usage de Learning Battle Cards”
  1. Merci pour pour cet article très intéressant sur la mobilisation des LBC.
    Nous avions organisé dans le cadre d’un regroupement un temps de travail les mobilisant.
    En tant que voisin (IRA de Nantes – La Jonelière), je serai ravi de pouvoir un temps d’échange avec vous, sur vos pratiques et vos réflexions pédagogiques et votre lab’ !
    J’en avais entendu parler lors de l’évènement organisé par Olivier Soler (Think tank “Formation Ouest”).
    Pourrais-je venir à votre rencontre ?
    Merci de votre retour !
    Patrice

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