C’est quoi ?
On peut définir la réflexivité comme l’acte d’observer ses propres pratiques professionnelles, de se regarder agir afin de comprendre, d’analyser sa manière de fonctionner et les raisons de son action, de façon critique et constructive. On devient alors l’objet de sa propre réflexion en objectivant ses actions et en apprenant de l’expérience. |
« Le praticien réflexif est un praticien qui se regarde agir comme dans un miroir et cherche à comprendre comment il s’y prend, et parfois pourquoi il fait ce qu’il fait, éventuellement contre son gré » (Perrenoud, 2004).
Cette démarche s’accompagne en premier lieu d’une prise de conscience de ses actions par le praticien, qu’il exerce le plus souvent machinalement.
La réflexivité est aujourd’hui reconnue comme une compétence transversale indispensable, qui au-delà du « savoir réussir », implique d’identifier et comprendre pourquoi et comment on réussit (Le Boterf, 2003). Les compétences professionnelles exigent beaucoup plus que des savoirs. « Les compétences englobent les savoirs mais ne s’y enferment pas ! Manifester des compétences professionnelles, c’est de façon générale, face à une situation complexe, être capable (…) en cours ou à l’issue de l’action, de tirer certains enseignements pour une autre fois (…). La compétence ne suppose pas l’immédiateté, elle admet la réflexivité et le détour analytique. La réflexivité est donc au cœur de l’agir avec compétence» (Perrenoud, 1999).
Intérêt pédagogique
La pratique réflexive permet l’analyse et ainsi l’évolution de ses propres pratiques professionnelles. En se prenant comme objet de sa réflexion, l’individu devient acteur de son apprentissage et construit ainsi son identité professionnelle. Il apprend de son expérience et construit des savoirs qui pourront être réinvestis dans des situations futures.
Elle va également permettre aux apprenants de développer leur autonomie d’apprentissage. Pour Guy Le Boterf (2003), « réussir seulement ne peut rendre compte de l’autonomie du sujet, c’est-à-dire de sa capacité à autoréguler ses actions, à compter sur ses propres ressources, mais aussi à chercher des ressources complémentaires et à transférer. » L’auteur distingue deux axes, celui de l’activité, celui de la distanciation. Ce dernier correspond à la métacognition, c’est-à-dire au retour réflexif du sujet sur les ressources et les stratégies d’action qu’il a mises en œuvre. Le sujet développe ainsi la capacité à conduire lui-même ses apprentissages.
Mises en garde/ conditions de réussite
Le développement de la réflexivité (ou de la compétence réflexive) en formation nécessite un aller-retour permanent entre la théorie et le réel. Dans le cadre des formations en alternance, il s’agira de favoriser ces allers-retours en adoptant un modèle d’alternance intégrative*, par opposition au modèle le plus répandu d’alternance juxtapositive.
La réflexivité ne relève pas du savoir mais du rapport au savoir, du regard sur l’action et de la posture critique qui se développeront si la démarche traverse l’ensemble du programme de formation.
L’enjeu est donc de construire une vraie ingénierie réflexive. Pour Philippe Perrenoud (2001), il est nécessaire que l’ensemble des acteurs se situent et s’investissent eux-mêmes dans cette orientation et que les enseignants et formateurs soient engagés dans ces innovations. Il préconise de définir le lieu de stage (ou d’alternance) comme « un moment de partage réflexif » formalisé par un « contrat réflexif » adapté à leurs besoins qui serait « un contrat de questionnement réciproque ». Il préconise également « d’établir de fortes connexions entre stages et unités de formation, de sorte que la démarche réflexive à deux soit soutenue par des tâches, des outils d’observation et des cadres de référence théoriques ».
Pour aller plus loin
Article de Philippe Perrenoud, « Mettre la pratique réflexive au centre du projet de formation », 2001.
Catherine Guillaumin, « La réflexivité comme compétence : enjeu des nouvelles ingénieries de la formation », Cahiers de sociolinguistique, 2009.
Vidéos :
« Accompagnement de l’explicitation en situation d’alternance », septembre 2015, une expérimentation qui se poursuit depuis 2013, au Campus des Métiers, selon les principes de l’entretien d’explicitation de Pierre Vermersch (psychologue et psychothérapeute de formation, chargé de recherche au CNRS) : https://www.youtube.com/watch?v=IiLhihHtVkI
« Qu’est-ce que la réflexivité et comment l’évaluer ? » Professeur Lamia GARGOURI, mai 2018 : https://www.youtube.com/watch?v=uHfueNPrXGc
« Revenir a l'index du Glossaire