C’est quoi ?
L’expression digital native –natif numériques en français- désigne l’ensemble des individus nés depuis l’essor des technologies numériques, à partir des années 90. Ils sont souvent caractérisés dans les médias comme « ayant toujours connu l’informatique », « avec un rapport instinctif aux technologies ». Ils communiquent aussi bien via les smartphones ou les ordinateurs que directement ; ils considèrent comme allant de soi l’utilisation d’internet ; Plus généralement, ils sont décrits comme plus autonomes, mettant leur vie personnelle au-dessus du travail dans leur priorité… ils auraient un rapport différent à la société, à la consommation, à la politique, au média, façonné par les technologies numériques.
Enjeux et usages à l’origine
La notion de digital native a été avancé en 2001 par un chercheur américain en éducation, Mark Prensky. Il a cherché à décrire « l’avènement, dans le système éducatif américain, d’une nouvelle génération d’élèves et d’étudiants pour lesquels le numérique est un territoire « natif » dont ils seraient les « autochtones ». Leurs aînés sont appelés par l’auteur des « immigrants numériques », « qui ne maîtriseraient les technologies qu’au prix d’un effort d’adaptation bien visible. Cet effort, ou « accent », consisterait par exemple à imprimer un e-mail ou un texte numérique pour en prendre connaissance, plutôt que de le lire et de le commenter à l’écran… ».
http://delitsdopinion.com/2experts/les-digital-natives-15-25-ans-la-generation-des-autochtones-du-web-828/
L’auteur explique par ailleurs que les digital native ont développé une culture de l’immédiateté, de l’accessibilité, et de la gratuité. Cette génération a acquis le réflexe d’aller sur internet pour tout trouver : des réseaux d’amis, de l’information, de la culture et… du savoir. Elle est habituée à accéder rapidement et gratuitement à la consommation culturelle par exemple, par le téléchargement illégal, le visionnage de film ou série en streaming, ce qui a remis en cause le modèle industriel de diffusion de ces biens.
Les digital native réinterrogeraient donc aussi le modèle traditionnel d’accès à la connaissance passant par le cours transmissif en salle et l’inscription dans des temps longs de formation.
Usages pédagogiques
L’enjeux pour les formateurs est donc la prise en compte de ces nouveaux outils (smartphone, tablette…) et de ces nouvelles pratiques et compétences numériques des apprenants dans leur pédagogie.
Le principe est de mobiliser ces compétences numériques pour favoriser les apprentissages en utilisant par exemple davantage la vidéo, la gamification. Le jeu électronique fait partie de l’univers des digital natives et il peut également être utilisé en formation. On pense ici aux serious gamme qui peuvent favoriser la motivation des apprenants. (voire le mot « Gamification »).
Déroulement, consignes, exemples
Comment prendre en compte la culture numérique des digital native dans la formation ? Concrètement, on peut par exemple avoir davantage recours à la vidéo, qui peut permettre un accès plus intuitif à l’information au regard de l’effort pour y accéder. L’émergence de formats courts voire très courts (moins d’une minute) ou encore les solutions visant à chapitrer le contenu pour le rendre modulaire peut être une réponse à la moindre capacité d’attention longue des apprenants. Par ailleurs comme l’indique Alexandre Mézard, « les Digital Natives sont les champions de l’authenticité et la vidéo est par nature le média de l’émotion, des valeurs. Si le texte a longtemps régné en maître sur le web, constituant le support de la performance et de l’expertise, la vidéo est clairement le véhicule de la réalité instantanée sans fard : elle sollicite simultanément les deux sens les plus importants dans les processus cognitifs, la vue et l’ouïe. La vidéo est aussi le plus souvent incarnée, permettant donc d’activer les processus d’identification et de projection envers d’autres individus. Ainsi le désir est naturellement ajouté au processus d’apprentissage facilitant l’appropriation et donc la mémorisation des notions ».
http://edfab.fr/former-digital-natives/
Intérêt pédagogique
L’émergence d’une génération davantage formée au numérique peut amener les enseignants à réinterroger leur pédagogie et à intégrer une plus grande diversité de modalités pédagogiques dans leur pratique et ainsi à varier les modalités pédagogiques, ce qui peut favoriser l’apprentissage du plus grand nombre.
Mise en garde et frein à l’usage…
Dans « apprendre avec le numérique, F. Amadieu et A. Tricot émettent de réelles réserves sur la réalité de ce concept. Ils remarquent que peu d’études scientifiques ont fait la preuve sur le fait que l’utilisation quotidienne du numérique avait un effet dans l’apprentissage scolaire : « les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas dotés d’un système cognitif différent du nôtre, qui est vraisemblablement le même que celui d’Homo Sapiens depuis au moins 10 000 ans. Notre système cognitif ne nous permet pas de faire plusieurs choses à la fois, sauf dans les domaines où nous sommes des experts ». Bref on ne peut toujours pas écouter de la musique ou regarder une série et comprendre en document scolaire écrit en même temps. Et les auteurs de noter également qu’ « une préférence d’apprentissage ne peut pas concerner une génération entière ». Les générations ne seraient donc pas si différentes que cela en matière d’apprentissage… Attention à la généralisation donc sur les générations.
Et demain ? évolution et prospectives
Les compétences acquises par la pratique domestique du numérique pourraient être encore davantage prise en compte dans la conception de situation d’apprentissage. Ces compétences font d’ailleurs partie des Soft Skills présentés souvent comme de plus en plus indispensables pour favoriser l’accès à l’emploi.
Pour aller plus loin (bibliographie, webographie)
Eduquer avec le numérique, Bruno Duvauchelle, ESF sciences humaines, 2016.
Apprendre avec le numérique, Franck Amadieu, André Tricot, retz, 2014.
Education permanente, « la formation à l’épreuve du numérique », hors série afpa, coordonnées par Paul Santelmann, 2013.
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